25/07/2021
... j'ai manifesté
J'hésitais à partager ma journée d'hier sur ce blog, me demandant si mon récit avait sa place ici, puis j'ai pensé que depuis le début je racontais tout ce que je traversais :)
l était important pour moi de participer à la manifestation du 24 juillet, à Paris, pour joindre mon acte à ma pensée et mes paroles.
Alors voici le détail de ma journée "pour la liberté", et pour rappel être contre l'instauration d'un pass sanitaire ne signifie pas être antivax, il faut faire preuve de bon sens et arrêter de tout mélanger afin de comprendre le véritable enjeu !
Ma journée commence dans le métro, nous achetons des tickets et la guichetière nous souhaite une bonne manifestation avec un hochement de tête en signe de soutien.
Une fois dans le train, nous commençons à créer des pancartes, je décide d'inscrire sur la mienne avec un brin d'humour "QUE LE PASS TREPASSE", des usagers nous observent puis viennent nous parler pour nous encourager, un monsieur très âgé nous dit qu'il aurait aimé venir avec nous mais qu'il n'a plus la force. Très bonne ambiance dans la rame de métro, chants, applaudissement, et le mot liberté sur toutes les bouches. Une dame très âgée vient elle aussi manifester, elle nous explique qu'elle a fait mai 68 et que l'on devrait tous être dehors aujourd'hui. Il y a également une dame, expatriée 25 ans en Egypte et rentrée en juin en France, elle se dit choquée de ce qu'est devenu le pays et manifeste elle aussi pour la liberté qu'elle sent s'éloigner. Peu à peu, station après station le métro se bonde, et je peux affirmer que 90% des usagers venaient pour la manifestation.
Arrivées au Trocadéro (nous étions un groupe de filles), rassemblement immense, du jamais vu je pense. Une magnifique synergie. Des slogans un peu partout, tous plus ingénieux les uns que les autres (le "put your pass in your ass" m'a bien fait rire j'avoue !), l'ambiance est agréable, les gens discutent entre eux, nous nous rendons compte que nous sommes véritablement nombreux à nous rassembler pour la liberté, certains sont vaccinés d'autre non, qu'importe, car je le répète le débat n'est pas là, ce qui est sûr c'est que nous sommes tous opposés au pass sanitaire et ses conséquences désastreuses.
Nous restons une bonne heure au Trocadéro, même si l'ambiance est bonne nous trouvons ce rassemblement un peu trop "politisé" à notre goût, alors nous décidons de rejoindre la manifestation des soignants car c'est aussi pour eux que nous sommes venus. Direction Saint-Lazard où la manifestation se trouve après être partie de Bastille.
Arrivées là-bas j'ai presque envie de dire : deux salles deux ambiances. La marche est pacifique, beaucoup de soignants en blouse blanche, des pancartes, des chants, aucun acte violent et j'insiste sur ce point, et pourtant nous sommes là depuis 15 minutes à peine que nous nous faisons déjà gazer par la police ! nous nous éparpillons. Certains esprits s'échauffent car apparemment cela fait plus de deux heures que la manifestation se fait gazer.
A un moment nous nous réfugions dans une petite rue avec deux femmes, l'une d'elle nous dit "j'abandonne je rentre chez moi, je suis enceinte et j'ai été gazée deux fois". Je lui demande pourquoi elle est venue alors qu'elle est enceinte, elle me répond qu'elle est infirmière...
Nous décidons de poursuivre la manifestation, nous nous faisons gazer très régulièrement, à la fin de la journée je ne pourrais même pas dire le nombre de bombes lacrymogènes reçues (à un moment, avec ma sœur et trois autres manifestants, nous nous sommes un peu détachés du cortège pour observer la manifestation et prendre quelques photos du rassemblement, nous avons alors reçu de plein fouet quatre bombes lacrymogènes, un petit groupe de cinq qui ne faisait rien de mal, allez comprendre...).
En attendant dans les rues de Paris beaucoup de soutien. Contrairement à ce que l'on pourrait croire les automobilistes passent à côté de nous fenêtres ouvertes et nous disent bravo. Certains passants nous rejoignent même dans le rassemblement. Bien sur certains ronchonnent aussi de notre présence ici.
Plus tard, la manifestation s'éparpille à nouveau car les gens courent dans tous les sens à cause des bombes l'acrymo (que faisons-nous de mal pour être ainsi pris à parti ? ah oui nous manifestons...), je me retrouve dans une rue déserte avec un petit groupe, la police nous charge (pourquoi ?), alors nous courrons et arrivons au niveau d'un restaurant, les gens mangent en terrasse. Nous les prévenons d'aller s'abriter car la police nous charge et jette à tour de bras des bombes lacrymo, les clients ne nous croient pas. Puis une bombe lacrymo est jetée à quelques pas de la terrasse, les clients s'affolent, il y a parmi eux un couple avec un bébé d'environ neuf ou dix mois et une fillette de peut-être deux ans ! Ma sœur et moi aidons le couple et leurs enfants à se mettre à l'abris mais trop tard eux aussi ont été gazés ! Je suis véritablement effarée par ce qui vient de se passer sous mes yeux ! La police continue d'avancer tandis que nous sommes devant les portes du resto, un journaliste indépendant (je crois) a filmé toute la scène (d'ailleurs j'aimerais bien retrouver les images) et me demande si il peut me poser quelques questions face caméra, je suis en colère et je décris toute la scène. Puis, j'aperçois un deuxième bataillon de police qui arrive, je m'en vais et nous nous retrouvons "coincées" entre deux bataillons de police ma sœur et moi (la scène improbable), toujours avec ma pancarte à la main. Nous ne sommes que deux. Des pompiers accompagnent le police, alors je m'adresse directement à eux, qui ne tente rien n'a rien, je dis : "c'est aussi pour vous que l'on manifeste", ils me regardent, me sourient et me répondent "oui on sait, merci". Leur réponse est sincère, cela me rassure sur ce que l'on est en train de vivre, ils ne sont pas "contre nous".
Puis, j'ose aller parler à des policiers, de toute façon nous sommes coincées entre deux rangs. Je dis j'ose car je ne connais pas encore leur réaction, nous avons tout de même jusque là été chargées et gazées à plusieurs reprises. Je ne suis pas une personne agressive, je parle avec cœur, et certains policiers me répondent spontanément. Je demande pourquoi ils ne nous rejoignent pas, l'un d'eux me répond "on n'a pas le droit mais beaucoup d'entre nous vous soutiennent !" (ah ?!). Un homme qui semble être leur chef est plus virulent, il me demande de jeter ma pancarte, je lui demande à lui aussi pourquoi il n'est pas avec nous, il me dit simplement "Madame je n'ai pas le droit de vous parler car votre pancarte prouve que vous êtes manifestante, et je peux avoir des problèmes avec ma hiérarchie si je vous parle ! Mais, si vous jetez votre pancarte, vous devenez une passante lambda et tout va bien", par contre il ajoute que si je décide de garder ma pancarte je dois aller rejoindre le cortège et qu'ils vont nous charger. J'insiste tout de même et lui demande pourquoi ils font ça, il me répond "on répond aux ordres c'est tout". Je choisis de m'éloigner, toujours accompagnée de ma sœur et l'une de nos amies que nous venons de retrouver. Nous rejoignons d'autres manifestants assis sur un banc qui eux aussi sont dépités, nous sommes non-violents, jusque là il n'y a eu aucune dégradation, il s'agit d'une marche avec des gens de tous bords, de tous les âges, de tous les milieux. Malheureusement plus le temps passe plus les esprits s'échauffent, certains commencent à insulter, à provoquer la police, mais en toute honnêteté on les a fortement inciter à cela. Au départ nous ne faisions que marcher pour la liberté je le rappelle...
Soudain, les manifestants arrivent vers nous en courant, ils sont chargés par la police, je décide de laisser tomber ma pancarte car je sens que ça tourne véritablement au vinaigre cette histoire. Tout le monde court. Nous arrivons devant l'arc-de-triomphe, sur les champs Elysée. Et là, une scène surréaliste, les policiers nous jettent des bombes lacrymogènes par dizaine, ils me semble qu'ils tirent sur nous au flash ball car nous entendons de puissantes détonations. Seulement, nous sommes sur les Champs-Elysées ! il y a des touristes par centaine, des familles, tout le monde court, des enfants pleurent, les gens se réfugient dans les magasins. Les manifestants, après avoir été tirés dessus et gazés, craquent et commencent à se rebeller. Mon groupe et moi partons car ça commence à déraper. Nous nous retrouvons dans une rue du côté de l'arc-de-triomphe, et surgit un groupe d'une centaine d'individus, des casseurs, ils viennent d'une autre rue, ils n'étaient même pas dans notre rassemblement car ils viennent de l'opposé où nous sommes. Nous les repérons tout de suite, ils n'ont rien à voir avec notre manifestation, ils sont masqués, habillés de noir, ils ont des bâtons, une échelle (!?), des poteaux dans les mains, ils veulent se battre, ils cassent les voitures, tapent partout et sur tout. Ils ne sont pas très nombreux, une centaine peut-être, mais très agressifs. Nous faisons immédiatement demi-tour, les policiers sont déjà là et encerclent la rue, ils laissent sortir notre petit groupe et nous leur souhaitons bon courage, ils nous remercient, et ma sœur ajoute avant de partir "vous voyez bien que les casseurs ne sont pas nous !".
Puis nous décidons de rentrer chez nous, car cela dégénère totalement, la faute à qui, à quoi... ?
Seulement les policiers barricadent les sorties, ils ne font passer que les touristes. Nous sommes donc à nouveau coincées. J'en profite encore une fois pour me rapprocher des policiers qui font barrage, je leur demande pourquoi ils ne sont pas avec nous, ceux-ci sont bavards, on voit bien qu'ils en ont marre, ils sont fatigués et me répondent "on n'a pas le droit". Je leur demande "pourquoi vous nous gazez comme ça vous voyez bien que nous sommes pacifiques" (bon, il est vrai qu'entre temps les casseurs sont arrivés et des manifestants sont devenus violents, mais cela reste une très large minorité, peut être 5% des manifestants, et le gazage a commencé bien avant tout ça), il me dit "on répond aux ordres", mais j'insiste "oui mais vous tirez sur n'importe qui, j'ai personnellement été gazée je ne sais combien de fois, de plus il y a des enfants !", il me répond qu'ils ne visent pas quand ils tirent sur le groupe (je me doute bien mais bon...). A un moment je lui demande si il est d'accord avec le pass sanitaire, il ne me répond pas mais je sais que c'est non, je lui demande alors "mais qu'est-ce que vous attendez pour nous rejoindre ?", et là il me répond "vous ne vous y prenez pas de la bonne façon", je lui demande qu'elle est la bonne façon pour lui, et il est appelé pour son collègue pour intervenir plus loin. Dommage, j'aurais aimé entendre sa réponse...
Nous partons dans une petite rue, nous sommes une petite trentaine, fatigués, yeux rouges, gorges qui piquent, je crois qu'à ce moment là nous voulons tous rentrer chez nous. Seulement, un camion à eau arrive (je ne sais pas comment cela s'appelle), un policer au mégaphone nous dit "dispersez-vous où nous allons faire usage de la force !". Nous nous regardons tous, ébahis, nous sommes peut-être trente, des personnes de tous les âges, de 25 à 50 ans je dirais, nous ne sommes pas dangereux et cela se voit au premier coup d'œil, nous ne comprenons pas ! Et le camion se met à cracher de l'eau en notre direction. Mais il ne nous touche pas, c'est plus dissuasif qu'autre chose et cela fonctionne puisque nous reculons tous. Seulement, derrière nous se trouve un rang de policiers qui se met à avancer vers nous, nous partons alors dans des petites ruelles. Loin de tout ce vacarme nous discutons tous entre nous, les habitués des manifestations nous expliquent que c'est toujours comme ça que cela se passe, ils ne sont pas du tout choqués. Une soignante est avec nous, elle est en colère. Un homme nous dit qu'il n'a jamais vu autant de femmes à une manifestation, nous lui répondons c'est normal ils veulent imposer un pass aux enfants et là ça va trop loin. Nous nous disons tous au revoir, certains reviendront tous les samedis s'il le faut. Ils sont courageux, nous sommes exténuées, les gorges et les yeux piquent, certaines scènes étaient absolument ahurissantes (ils ont lancé une bombe lacrymo vers une maman et son tout petit bébé). J'ai pris beaucoup de photos, de vidéos, j'ai vu des choses improbables et inacceptables...
Je me suis aussi rendue compte que nous étions très nombreux, que des policiers nous soutenaient mais étaient "coincés", qu'il répondaient aux ordres à contre-cœur; j'ai vu des manifestants, qui, à bout, devenaient agressifs... Mais ce que j'ai vu avant tout c'est qu'il n'y a pas de méchants dans cette histoire, mais des ordres donnés pour nous OPPOSER les uns aux autres.
Ce récit est assez objectif même si cela reste mon expérience, j'ai essayé de parler à tout le monde pour avoir des avis de tous les côtés. Evidemment chacun vit les choses à sa façon et les décrit différemment.
Je suis pour la paix et la liberté, et pacifique je resterai, personne n'aura ma colère.
A ceux qui pensent vivre dans un système libre et équilibré, œuvrant pour le bien-être commun, je vous laisse dans votre doux songe. Ceux qui ne retiendront que la casse en fin de manifestation, là aussi je vous laisse dans votre vérité si limitante. Ceux qui sont contre la liberté de choisir et passent leur temps à crier "qu'on vaccine tout le monde de force", je vous laisse face vous-mêmes.
La liberté est l'affaire de tous <3
22:03 | Lien permanent | Commentaires (0)
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